Interview.Très déçue de ses Mondiaux, disputés l’an dernier à Apeldoorn aux Pays-Bas, Mathilde Gros espère prendre sa revanche en Pologne, à l’occasion des Championnats du monde de cyclisme sur piste (27 février au 3 mars). En effet, la jeune pistarde va devoir prouver aux yeux du monde qu’elle n’est pas venue à Pruszkow pour ne pas faire de la figuration. Bien évidemment, la Hongkongaise Lee Wai Sze reste la grandissime favorite en vitesse individuelle. Mathilde devra donc se frotter aux meilleures sprinteuses de la planète. Une situation qu’elle attend avec impatience. Engagée également sur la vitesse par équipes, avec Sandie Clair, et sur le keirin, Mathilde Gros espère bien devenir la reine de ces Championnats du monde.
Mathilde, comment allez-vous physiquement ?
C’était important d’être en forme pour ces Championnats du monde sur piste. Il ne faut pas brûler les étapes. Pour le moment, je me sens en excellente condition physique. Tout se passe bien à l’entraînement avec mes coéquipières et mon entraîneur.
Comment s’est passé votre préparation ?
La préparation a été intense. Le stage en Nouvelle-Calédonie m’a fait beaucoup de bien. Vous savez, rien que d’avoir le soleil, c’était le paradis, pour nous les athlètes. Le plus gros du travail a été éffectué à l’occasion des différentes manches de Coupe du monde de cyclisme sur piste. Maintenant, à quelques jours du début de ce grand rendez-vous international, on peaufine les derniers détails.
Comment analysez-vous votre saison en vitesse individuelle ?
On avait dit, avec mon entraîneur, que l’on ferait le bilan après les Championnats du monde. Pour être honnête avec vous, je suis frustrée car j’aurais aimé décrocher des médailles en vitesse individuelle. Celle à Saint-Quentin-en-Yvelines me tenait particulièrement à cœur. Malheureusement, elle m’a échappée (elle avait terminé quatrième en vitesse individuelle, le 20 octobre é018 au Vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines, ndlr). Sur d’autres épreuves internationales, mon parcours s’est arrêté en quarts de finale. C’était très frustrant pour moi. C’est le jeu. C’est à moi d’élever mon niveau car les filles sont de plus en plus fortes.
« Tant mieux si le plateau est très relevé en Pologne, la victoire n’en sera que plus belle »
Vouss êtes la seule athlète à porter le sprint féminin sur vos épaules. Comment le gérez-vous au quotidien ?
Aujourd’hui, je n’y pense plus. C’est vrai que, par le passé, j’étais une éponge et j’absorbais tout. Au final, cela te détruit plus qu’autre chose. Désormais, je me fais plaisir sur le vélo et je pense uniquement à ce que je dois faire sur le vélo. L’objectif est d’aller chercher cette médaille pour tous les gens qui me soutiennent que ce soit ma famille, mon entraîneur, ou encore l’équipe de France.
Selon vous, quels seront vos principales adversaires en Pologne ?
À l’heure actuelle, il y a une quinzaine de filles qui peuvent aller décrocher ce titre mondial en vitesse. Il y a la Hongkongaise, Lee Wzi Sze, l’Australienne Stephanie Morton, les Allemandes, les Russes, ou encore les hollandaises. Sans oublier aussi les Chinoises et les Anglaises. Il y aura un plateau très relevé à l’occasion de ces Championnats du monde en Pologne. Il faudra donc courir avec beaucoup de justesse tactique car le niveau est très dense. Cela ne me fait pas peur… Je vais tout tenter et prouver que je suis bien l’une des meilleures sprinteuses de la planète.
Tout va alors se jouer sur l’aspect tactique. C’est quelque chose que vous travaillez au quotidien ?
Je pense que je vais la travailler durant toute ma carrière. Vous savez, même un Grégoy Baugé, qui a été dix fois champion du monde, travaille encore à l’heure actuelle sur l’aspect tactique. Et il fait encore des erreurs. J’ai conscience que je vais bosser là-dessus jusqà mes derniers coups de pédale sur la piste.
Lee Wai Sze reste-t-elle la grande favorite de ces Mondiaux polonais ?
Lee Wai Sze reste la grande favorite de ces Mondiaux. Seule Stéphanie Morton, qui réalise d’excellent chrono, pourrait bien la battre. Dans cette discipline, la concurrence sera très élevée que ce soit aux Jeux Olympiques ou aux Championnats du monde. Tant mieux si le plateau est très relevé en Pologne, la victoire n’en sera que plus belle.
« Je serai présente le jour j en Pologne pour obtenir ce titre mondial en keirin »
Vous aurez à cœur d’aller chercher un top 4 mondial avec Sandie Clair en vitesse par équipes. Est-ce envisageable ?
Cela reste envisageable. Cela reste compliqué, tout de même ! On le sait très bien ! Tout d’abord, il faudra réaliser un super temps en qualification afin de se hisser parmi les huit meilleures nations en vitesse par équipes. Ensuite, on fera les matches les uns après les autres.
Qu’est-ce qu’il vous manque aujourd’hui pour aller chercher les meilleures nations mondiales en vitesse par équipes ?
Pour ma part, je dois encore bosser sur mon départ. Car j’ai encore des difficultés à aller chercher Sandie Clair qui lance l’équipe. Parfois, on réalise des temps de folie, et parfois, on sort des temps catastrophiques. On manque trop de régularité dans cette discipline ! Il faut vraiment bosser là-dessus pour espérer jouer les premiers rôles à Pruszkow.
Après les épreuves de vitesse, il vous restera le keirin. Une discipline dont vous êtes la championne d’Europe en titre. Pensez-vous pouvoir décrocher le titre mondial en Pologne ?
Tout le monde me crit invincible ! J’ai répondu présente le jour j à Glasgow pour décrocher ce titre de championne d’Europe en keirin. Ce maillot, on ne pourra pas me l’enlever. Certes, j’aurais aimé performer dans cette discipline en Coupe du monde. Parfois, je peux réaliser de bons résultats en keirin, et parfois, je peux passer totalement à côté de mon sujet. Maintenant, je serai présente le jour j en Pologne pour obtenir ce titre mondial en keirin…