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Cyclisme pour Tous

Potereau : « avoir une meilleure culture du sport au féminin »

Entretien.Pour la première fois, la Fédération française de cyclisme (FFC) organisait, les 16 et 17 décembre à Mennecy dans l’Essonne, ses États généraux du cyclisme féminin. L’objectif de ces deux jours de réflexion pour sa vice-présidente, Marie-Françoise Potereau, était d’échanger avec les acteurs de terrain afin de développer une offre plus attractive pour les féminines. Aujourd’hui, seulement 10% des licenciés de la FFC sont des femmes. C’est trop peu. Pour pallier à ce manque, les clubs doivent mieux accueillir les filles au sein de leurs structures. Il en va de leur responsabilité. D »ici aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2014, on aura combler ce retard afin d’aller vers cette société inclusive pour tous.

Marie-Françoise, quel bilan tirez-vous de ces premiers États généraux du cyclisme féminin ?
C’est un bilan très positif. Depuis notre prise de fonction, en mars dernier, nous avions comme souhait de mettre sur pied les premiers États généraux du cyclisme féminin. Il était donc important de poser les problématiques autour de cette pratique féminine afin de développer une politique cohérente sur les années à venir. Notre objectif à la Fédération est d’augmenter notre nombre de licenciées. Il fallait aussi se pencher sur les thématiques de la formation, de l’arbitrage, ou encore de l’accès à la pratique cycliste. On voulait vraiment à tout prix écouter et échanger avec ceux qui oeuvrent au quotidien sur le terrain. Par ailleurs, le fait d’avoir le témoignage de fédérations exemplaires, comme le handball ou le triathlon, nous permet de voir ce qu’il faut mettre en place pour faire aussi bien qu’eux.

Aujourd’hui, il n’y a que 10% de licenciées féminines, comment fait-on pour leur donner envie de venir prendre une licence à la FFC ?
Les clubs doivent accuillir un public féminin pour la pratique en loisir. On ne commence pas par la compétition. Vous intégrez un club car vous vous êtes testées durant les vacances. Par la suite, vous serez séduites par la compétition et le haut niveau. Pour vous donner un exemple, lorsque j’ai invité, avec la FDJ, 2024 championnes sur les Champs-Élysées, à l’occasion , le jour de l’arrivée du Tour de France, je ne m’attendais pas à voir plus de 2 300 femmes présentes sur cet événement. Et pas une seule licenciée ! Cela veut bien dire qu’il y a un potentiel. Cependant, il faut réussir à leur donner envie de rejoindre un club de la FFC.

À l’heure actuelle, les filles âgées entre 14 et 16 ans arrêtent le cyclisme. Comment peut-on réussir à les conserver au sein des structures fédérales ? ?
À cet âge-là, la différence physique commence à se faire ressentir sur des sports d’endurance. Avant, en école de vélo, elles peuvent être avec les garçons. Après, elles sont exclues et ne peuvent plus rouler avec les garçons. Nous avons un travail dans l’accompagnement et l’encadrement des clubs pour que les filles ne se sentent pas exclues.

« Il faut poursuivre nos efforts afin de voir plus de sport féminin dans les médias »</em>

Plus globalement, comment jugez-vous l’évolution du sport féminin ?
Il y a tout d’abord une volonté politique. La ministre des Sports, Laura Flessel, l’a réaffirmée hier. On constate une évolution concernant l’accès à la pratique sportive. Mais il y a encore du travail à faire. Par exemple, lorsque vous allez dans un département comme la Seine-Saint-Denis, où il y a encore trop peu de femmes qui savent faire du vélo, il faut trouver les solutions pour aller chercher ce public.

Il n’y a qu’une seule femme à la tête d’une Fédération dite olympique, comment fait-on pour en avoir davantage ?
On vient seulement d’appliquer la loi du 4 août 2014 concernant un quota de femmes dans les conseils d’administrations des fédérations sportives. Il y a une véritable stratégie qui est engagée. Vous en avez eu l’exemple avec la Fédération française de handball. Si je suis vice-présidente de la FFC, c’est grâce à cette loi.

D’un point de vue médiatique, quel est votre sentiment sur la médiatisation du sport féminin ?
France Télévisions et Eurosport étaient présents hier sur la table ronde dédiée à la médiatisation du sport féminin. Bien évidemment, c’est grâce aux résultats de nos pépites, comme Mathilde Gros, que l’on arrivera à porter cette belle cause. Il faut profiter de tous ces moments d’opportunités qui sont mis à notre disposition. Et nous dire que l’on est sur la bonne voie. Il faut poursuivre nos efforts afin de voir plus de sport féminin dans les médias.

« On en rêve déjà car les Jeux Olympiques et Paralympiques vont se dérouler à la maison en 2024 »

Quels sont vos attentes, d’ici à Paris 2024 ?
Il faut que l’on travaille sur notre culture sportive. On ne l’a pas aujourd’hui. On doit avoir une meilleure culture du sport au féminin. Je pense que l’on est bien partie. Tous les voyants sont au vert. En effet, des stratégies et des plans de financement sont en train de se développer pour le sport féminin.

Pensez-vous déjà aux JO de 2024 ?
On en rêve déjà car les Jeux Olympiques et Paralympiques vont se dérouler à la maison en 2024. On a tous besoin de travailler avec des objectifs très précis. 2020 et les Jeux de Tokyo seront un tremplin pour Paris 2024. Les sportives qui seront performantes au Japon, le seront quatre ans plus tard en France. Par exemple, Mathilde Gros, on l’attend pour Paris 2024. Il faut avoir cette grande échéance de Paris 2024 en tête.

Quel héritage pensez-vous que Paris 2024 va laisser au sport féminin ?
J’espère que l’on ne fera plus de différence dans le sport entre les hommes et les femmes, et que outes les disciplines seront pratiquées par les femmes. On espère également que le sport en famille soit accessible pour tous.

Légende photo : La vice-présidente de la Fédération française de cyclisme (FFC) espère ainsi mettre une politique digne en faveur du cyclisme grâce à la tenue de ces premiers États généraux du cyclisme féminin à Mennecy dans l’Essonne (Ladies Sports)

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Donnons des Elles au Vélo

Le Tour est fini pour « Donnons des Elles au Vélo »

Cérémonie.Pour leur arrivée sur les Champs-Élysées, les filles de « Donnons des Elles au Vélo » ont été reçues ce 22 juillet à la mairie du 8e arrondissement de Paris. À cette occasion, elles ont rappelé l’engouement croissant autour du cyclisme féminin et qu’elles ont pu constater tout au long de ces 3 540 kilomètres d’efforts.. Car à long terme, elles espèrent bien qu’un jour le Tour de France au féminin retrouve ses lettres de noblesse.

« Ça y est ! C’est fait ! Vous êtes arrivées à Paris et vous avez descendu les Champs-Élysées comme le feront les hommes ce dimanche pour l’arrivée du Tour de France », s’est félicité l’adjoint au maire du 8e, Grégoire Gauger. Pour la première fois, l’équipe de « Donnons des Elles au Vélo » a été reçue en grande pompe à la mairie du 8e arrondissement de Paris.

Car les années précédentes, cela n’avait pas été le cas. Il y a trois ans, les filles n’avaient récolté qu’un simple bouquet de fleurs à l’Arc de Triomphe. L’an dernier, elles avaient été conviées à l’espace Beaujon. Cette année, on a mis les petits plats dans les grands pour honorer ces sportives d’exception. C’est donc une juste récompense pour le cyclisme au féminin.

Les filles peuvent compter sur le soutien de la FFC

« C’est très important pour nous que le sport féminin soit présent à tous les niveaux. On parle toujours de la devise Liberté, Égalité, Fraternité. La Liberté, c’est celui d’avoir réalisé cet exploit sportif. Pour l’Égalité, il y a encore un peu de travail à accomplir pour y parvenir. Enfin, pour la Fraternité, il n’y a pas besoin de le clarifier car vous le montrez aujourd’hui en voyant tout le monde réuni autour de vous (amis, famille, bénévoles, encadrant, etc…) », concluait-il.

Si elles ont pu le faire c’est notamment grâce au soutien indéfectible de la Fédération française de cyclisme (FFC). « Pour la FFC, être partenaire d’une telle opération, c’est afficher clairement notre engagement envers le développement du cyclisme féminin. C’est surtout une vraie volonté politique de voir se recréer en France un événement majeur de cyclisme féminin. Notre fédération pourra, grâce à votre action, accentuer la pression auprès des acteurs qui peuvent être concernés pour nous aider dans l’optique de relancer un tel événement qui pour le moment nous fait défaut », rappelait son président, Michel Caillot.
Relancer un Tour de France féminin 
L’événement qui fait défaut à la FFC, c’est d’avoir un Tour de France pour les féminines. Car depuis 1989, il n’existe plus de Grande Boucle au féminin. Une vraie injustice pour le cyclisme féminin mais surtout pour ceux et celles qui ont eu la chance de les voir courir. « Le Tour de France féminin, c’est quelque chose que j’ai vécu. Je souhaiterais vraiment que toutes ces féminines puissent le revivre ou découvrir ce que cela peut procurer comme émotion lorsque l’on descend les Champs-Élysées, le dernier jour de course », se souvenait la vice-présidente de la FFC, Marie-Françoise Potereau.  
Pour y parvenir, les partenaires de Claire Floret peuvent plus que jamais y croire. « On a franchi un cap grâce notamment à une meilleure médiatisation cette année. Il y avait beaucoup d’engouement autour de nous. Avant personne ne savait qu’il y avait des femmes qui faisaient le Tour. Mais le fait de nous voir à la télévision tous les jours, on a vu une certaine reconnaissance », glissait Claire Floret, à l’initiative du projet « Donnons des Elles au Vélo ».
Maintenant reste à convaincre ASO

Pour continuer à éveiller les consciences, il faudra voir plus loin.« Certains diront que ce n’est pas assez suffisant mais il faut y aller pas à pas. Maintenant, on aimerait bien qu’une course existe pour les féminines. Car aujourd’hui, ce que l’on fait se rapproche d’une promotion pour le cyclisme féminin. C’est bien mais on veut une vraie épreuve pour pouvoir performer », notait Floret. Rappelons que la Route de France est la seule course inscrite au calendrier UCI. Mais ce qu’elles espèrent, c’est un Tour de France féminin.

Pour y croire, il faudra négocier avec les organisateurs d’Amaury Sport Organisation (ASO). Ce qui ne sera pas une mince à faire. « On a discuté avec les organisateurs du Tour de France. Pour le moment, ils ne sont pas encore enclin à remettre en place une compétition pour les féminines. Mais on va travailler avec eux afin de leur faire changer d’avis », espérait Floret. Et on peut lui faire confiance pour que le Tour de France au féminin retrouve ses lettres de noblesse.

Légende photo : Les filles de Donnons des Elles au Vélo reçues à la mairie du 8e arrondissement de Paris (Ladies Sports)

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Cyclisme pour Tous

Michel Callot veut insuffler un nouvel élan pour le cyclisme féminin

Élection.Avec près de 98% des suffrages exprimés, Michel Callot a été élu président de la Fédération française de cyclisme, ce samedi à l’occasion de son Assemblée générale qui a eu lieu au Comité national olympique et sportif français (CNOSF). À cette occasion, Marie-Françoise Potereau et Cathy Moncassin intègrent le bureau exécutif de la FFC. Le nouveau président aura à cœur de mettre en place une politique digne de ce nom pour le développement du cyclisme féminin. Bien évidemment, cela ne se fera pas en un cliniquement de doigt.

Pour le moment, une seule femme est à la tête d’une fédération dite olympique. Et ce n’est pas près de changer. En effet, c’est un homme qui a succédé à David Lappartient à la présidence de la Fédération française de cyclisme. Avec près de 98% des suffrages exprimés, à l’occasion de son Assemblée générale qui a eu lieu au Comité national olympique et sportif français (CNOSF), Michel Callot est le nouvel homme fort du cyclisme hexagonal. Malgré cela, deux femmes, Marie-Françoise Potereau et Cathy Moncassin, intègrent le bureau éxecutif. Les choses avancent doucement mais sûrement.

Maintenant, il va falloir mettre en place une politique digne de ce nom pour le développement du cyclisme féminin. Et son nouveau président n’élude pas la question. « Il faut prendre le problème sous un angle différent. On a besoin d’avoir davantage de licenciées féminines car on manque cruellement de compétitrices. La raison ? Il n’y a peut-être pas assez d’épreuves pour les femmes. La première réflexion, que l’on doit avoir, vise à aider les clubs à se structurer pour accueillir les féminines dans les meilleures conditions », explique-t-il.

Callot : « Le plan de féminisation doit consister à séduire ce public féminin. Il faut mettre en place

un plan marketing pour comprendre cette cible »
Pour le moment, seuls 10% des licenciés FFC sont des féminines. « On a du mal à les encadrer et à les conserver au sein de nos clubs, une fois qu’elles ont quittées les écoles de vélo. Je dis juste que la Fédération n’a pas mis en place les outils nécessaires pour combler ce retard. Plus généralement, le plan de féminisation doit consister à séduire ce public féminin. Il faut mettre en place un vrai plan marketing pour comprendre cette cible », précise-t-il.

Certes. Il faut prendre davantage en compte les féminines, mais il faut surtout donner les moyens à nos meilleurs éléments de pouvoir s’exprimer au plus haut niveau. Car à l’heure actuelle, il n’existe qu’une seule formation World Tour, FDJ Nouvelle Aquitaine Futuroscope, alors qu’il y en a deux chez les hommes. Mais là où le bât blesse, c’est que certaines filles talentueuses doivent partir à l’étranger alors qu’elles pourraient courir en France. Bien évidemment, il ne faut pas réduire le cyclisme féminin à ce seul aspect.

Pour donner envie à des jeunes filles de pratiquer le cyclisme, il faut également les voir davantage dans les médias. Et pour le moment, ce n’est pas le cas. Mais pour répondre à toutes ces interrogations, la Fédération française de cyclisme s’engage, dans le premier semestre de l’année, à mettre sur pied les États généraux du cyclisme féminin. Une occasion pour Michel Callot d’entendre tous les acteurs du secteur afin de ne pas faire n’importe quoi juste pour faire plaisir à certains. Un vent de fraîcheur est en train de souffler sur la FFC mais cela ne se fera pas en un cliniquement de doigt.

Légende photo : Le nouveau président de la FFC, Michel Caillot, espère bien développer le cyclisme féminin (Ladies Sports)