Interview. À quelques heures de l’ouverture de ces Championnats du monde de cyclisme sur piste en Pologne (27 février au 3 mars), Steven Henry, l’entraîneur national de l’endurance, évoque avec nous la progression réalisée par cette équipe sur la poursuite. Inexistante, il y a encore quatre ans, le staff français a mis sur pied un collectif qui devient de plus en plus compétitif. Après le record de France décroché à Hong-Kong, le quatuor tricolore se raproche petit à petit des meilleures nations mondiales. Ce mercredi en Pologne, les Bleues veulent prouver qu’il faut désormais compter avec elles pour aller chercher un podium dans l’avenir. C’est de bon augure à un peu plus d’un an des Jeux Olympiques de Tokyo2020.
Steven, dans quel état sont vos filles avant de débuter ces Championnats du monde en Pologne ?
Vous savez, les filles sont toujours motivées à l’idée de disputer un Championnat du monde. Les filles sont en pleine forme. On a bien travaillé durant tout l’hiver. Depuis la Coupe de France à Roubaix, on est partie en stage à Anadia au Portugal. Par la suite, nous avons réalisé de bons résultats à Hong-Kong. Enfin, les filles sont reparties en stage à Bourges puis à Roubaix pour peaufiner les derniers détails avant de s’envoler pour la Pologne.
La poursuite par équipes est en pleine construction. Comment jugez-vous son évolution ?
Techniquement, on est bien en place. La poursuite par équipes commence à avoir de la gueule. L’apport des jeunes porte ses fruits. Il y a un groupe avec plus de densité. Aujourd’hui, on a huit filles qui font partie de cette poursuite. Il y a une vraie émulation au sein de cette équipe de France. Cela tire tout le monde vers le haut. On bosse depuis plusieurs années,il n’y a pas de raison pour que cela ne progresse pas. Le record de France réalisé à Hong-Kong donne de gros espoirs pour ces Mondiaux car on n’était pas à 100% sur cette avant-dernière manche de Coupe du monde. L’objectif en Pologne est d’avoir un chrono autour des 4’20’’ pour espérer terminer parmi les huit meilleures nations mondiales.
Quel est votre sentiment sur les arrivées de Clara Copponi et Marie Le Net en équipe de France ?
Clara Copponi est la belle révélation de cet hiver. Elle a passé un cap psychologique. Elle a compris qu’il fallait bosser très dur pour avoir sa place chez les élites. Elle ne pouvait pas uniquement se reposer sur ses qualités, comme on peut le faire en cadettes ou en juniors. Elle voit que les efforts qu’elle fait depuis plusieurs mois portent enfin ses fruits. De son côté, Marie Le Net sort tout juste des juniors. Elle est encore en phase de progression. Il y a une bonne dynamique et cela tire tout le monde vers le haut.
« Les Anglaises et les Italiennes restent les grandes favorites pour le titre mondial sur la poursuite par équipes »</em>
L’équipe de France peut-elle aller chercher un temps de 4’20’’ en Pologne. Est-ce quelque chose d’envisageable ?
On n’est pas très loin de ce chrono de référence. À chaque fois, il y a une des quatre filles qui était un peu en délicatesse sur les manches de Coupe du monde. Si les quatre athlètes alignées en Pologne sont à 100%, il n’y a pas de raison pour que les filles ne soient pas au rendez-vous pour aller chercher un nouveau record de France.
Les Tricolores sont-elles loin des meilleures nations dans en poursuite par équipes ?
Il y a les Anglaises et les Italiennes qui restent les grandes favorites pour le titre mondial sur la poursuite par équipes car elles tournent souvent autour des chronos entre 4’15 » et 4’17’’. Derrière, il y a plusieurs équipes qui récupèrent les miettes, comme les Néo-Zélandaises, les Allemandes ou encore les Canadiennes, qui ont renouvelé un peu leur équipe. De notre côté, la France se rapproche petit à petit de d’elles. L’écart est de moins en moins grand avec ces équipes.
Quels sont vos objectifs sur ces Mondiaux ?
Les objectifs sont fixés sur les trois épreuves olympiques. Laurie Berthon est en phase de progression sur l’omnium. Quatrième à Londres et deuxième à Kong-Kong, l’objectif pour elle sera de jouer avec les meilleures même si le niveau sera très dense à Pruszkow. Sur l’épreuve de l’Américaine, on espère aller chercher un top 5. Sur les autres épreuves, on sera très contens si on décroche une médaille. Mais la priorité reste sur les trois épreuves olympiques pour nous.
Selon vous, le plateau sera-t-il très relevé en Pologne à l’occasion de ces Mondiaux ?
Excepté le forfait de l’Américaine, Chloé Dygert, toutes les meilleures pistardes de la planète sont présentes en Pologne. À un peu plus d’un an des JO, toutes les filles veulent performer pour décrocher cette qualification olympique. Que ce soit chez les garçons ou chez les filles, les performances augmentent d’année en année.
>« les Tricolores gardent les Jeux Olympique de Tokyo2020 dans un coin de leur tête »
Comment se place la France dans le concert mondial du cyclisme sur piste ?
On est globalement entre la cinquième et huitième place mondiale. On se situe dans cette fourchette pour les épreuves olympiques. On est en forte progression. Par exemple sur la poursuite par équipes, on était inexistant, il y a quatre ans. Aujourd’hui, on a rattrapé notre retard dans cette discipline. Globalement, on se rapproche des meilleures nations qui sont présentes depuis plusieurs années sur les différentes olympuades. Bien évidemment, on pense à Paris 2024. Mais les filles restent focalisées sur Tokyo2020.
Les filles pensent-elles déjà aux Jeux Olympiques de Tokyo2020 ?
Même si cela progresse en France, le circuit professionnel en cyclisme sur piste n’est pas encore très développé pour les féminines. C’est donc important pour elles d’aller aux Jeux Olympiques pour performer. Les Tricolores gardent forcément les Jeux Olympiques de Tokyo2020 dans un coin de leur tête. Maintenant, il faut qu’elles se qualifient pour voir le Japon. Car les JO restent le summum dans la carrière d’une sportive de haut niveau…
La Sélection :
Borras Marion
Copponi Clara
Demay Coralie
Jeuland Pascale
Le Net Marie