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Gérardin : « Tout mon travail accompli depuis douze ans a été balayé en un coup de crayon »

Polémique.Interview.Alors que le World Tour féminin a repris ses droits ce week-end en Italie sur les Strade Bianche, le directeur de la Route de France ne décolère pas contre l’Union cycliste internationale (UCI). Certes,
« Je veux bien reconnaître que j’ai envoyé mon dossier un peu tardivement ». Mais ce qu’il n’arrive pas à digérer, c’est la méthode utilisée par l’instance internationale pour établir le nouveau calendrier World Tour 2017. Désormais, l’ancien d’Amaury Sport Organisation (ASO) est coincé entre les Championnats d’Europe, qui auront lieu du 2 au 6 août au Da,eùarl, et deux courses qui se dérouleront le 11 et 13 août prochains. Le patron de la RDF a alors alerté l’UCI pour obtenir un rendez-vous auprès de Brian Cookson, le président de l’UCI. Depuis, ses demandes sont restées lettre morte Par conséquent, l’édition 2017 de la Route de France n’aura pas lieu car il sait très bien que les meilleures équipes mondiales ne pourront s’aligner sur cette épreuve. Un crève-cœur pour celui qui se bat depuis les années 90 pour le développement du cyclisme féminin. À la tête de la Route de France depuis une douzaine d’années, Hervé Gérardin ne compte pas en rester là et va se battre jusqu’au bout pour que la Route de France intègre enfin le calendrier World Tour.

Hervé, comment expliquez-vous le fait que la Route de France ne soit pas inscrite au calendrier World Tour 2017 ?
Au mois d’avril 2016, j’ai reçu la procédure de l’Union cycliste internationale (UCI) pour inscrire la Route de France au nouveau calendrier UCI. Avant de poursuivre ma candidature, j’ai consulté le pré-calendrier pour voir si le mois d’août était libre. Et c’était le cas. J’ai donc envoyé mon dossier à l’UCI. Entre-temps, j’ai organisé ma course au mois d’août comme chaque année. Durant la Route de France, certains m’ont suggéré d’envoyer un dossier pour pouvoir intégrer le World Tour féminin. J’ai alors contacté l’instance internationale pour savoir s’il n’était pas trop tard pour adresser ma candidature à l’UCI concernant le calendrier World Tour. Ils m’ont dit que je pouvais leur envoyer ma demande et qu’ils allaient l’étudier. À ma grande surprise, je découvre que la Route de France n’est pas retenue parmi les épreuves programmées pour 2017. Je veux bien reconnaître que j’ai envoyé mon dossier un peu tardivement. Mais ce que je n’arrive pas à avaler, c’est que le calendrier officiel a été chamboulé par rapport au pré-calendrier établi en avril dernier. Je suis coincé entre les Championnats d’Europe et deux courses qui sont en face de la Route de France.

Avez-vous fait appel de cette décision ?
J’ai tout de suite réagi. J’ai envoyé un courrier à l’UCI pour leur expliquer l’incohérence de ce nouveau calendrier. Je leur ai demandé un rendez-vous pour discuter et trouver une solution viable pour eux et pour moi-même. À l’heure où je vous parle, je n’ai pas de nouvelles de leur part. Ah si, j’ai reçu une lettre du président, Brian Cookson, qui m’a indiqué qu’il n’avait pas fait attention, que le calendrier était figé et que c’était comme cela.

Êtes-vous en colère contre l’instance internationale ?
Oui, je suis très en colère contre l’instance internationale. On n’est peut-être pas les meilleurs organisateurs. Je suis juste uniquement de passage dans le cyclisme féminin. Cela fait plus de douze ans que je me bats pour cette cause. Et même depuis longtemps puisque ma première organisation de course remonte à 1990 avec le Grand Prix de France féminin. L’UCI pouvait au moins me passer un coup de fil ou m’envoyer un e-mail pour me demander de décaler exceptionnellement mon épreuve. Même cela, ils ne l’ont pas fait. Mais lorsque l’on vous inflige une telle sanction, c’est que l’on cherche tout simplement à vous éliminer. Après, je n’en veux pas aux équipes car je comprends les directeurs sportifs qui préfèrent jouer la carte World Tour que de venir sur la Route de France. Ce que je reproche à l’instance internationale, c’est de l’avoir fait en douce en inscrivant au calendrier des épreuves qui ont très peu d’année d’existence face à la nôtre qui en compte une douzaine. Je trouve cela très injuste. Je l’ai dit à Cookson. Apparemment, ils ont préféré le calendrier scndinave. Tant mieux pour eux et tant pis pour la France.

>« Au sein des plus hautes instances du cyclisme mondial, il y a une volonté de ne pas vouloir nous aider »

Cela prouve-t-il qu’il y a un manque de reconnaissance envers la Route de France ?
Je ne comprends pas trop l’Union cycliste internationale. À chaque fois que j’ai organisé la Route de France, je n’ai reçu que des éloges de la part des commissaires des jurys de l’UCI. Et lorsque vous voulez monter au plus haut niveau, on vous sanctionne, on vous descends. C’est d’une hypocrisie incroyable de leur part. Je ne sais pas si c’est l’organisateur ou le calendrier français qui a été sanctionné. Je ne me cache pas et je pense dire la vérité.

Le monde du cyclisme est-il venu à votre secours pour s’insurger contre cette décision ?
J’ai eu quelques messages de sympathie. Pour être honnête, j’aurais aimé recevoir un petit plus de soutien de la part de ma Fédération, sachant que David Lappartient (actuel président de la FFC) est premier vice-président de l’UCI. Mais au sein des plus hautes instances du cyclisme mondial, il y a une volonté de ne pas vouloir nous aider. Ils nous mettent de côté.

Alors qu’il va y avoir de nouvelles élections au sein de la FFC, serez-vous soutenu pour la nouvelle mandature française ?
Il faudra que je rencontre le nouveau président de la Fédération française de cyclisme, une fois élu, pour qu’il soit à mes côtés dans ce combat. Car en 2018, je vais me battre pour que la Route de France retrouve sa place au sein du calendrier international. Car elle mérite vraiment sa place parmi le World Tour féminin. Et je continuerai à contester toujours cette procédure de l’UCI qui me gêne et qui est illogique.

Vous n’avez donc aucun poids par rapport à l’UCI ?
En 2014, j’avais déjà contesté le calendrier. L’UCI n’avait pas pris en compte mes remarques. Je me rends compte que le calendrier 2017 a été mis en place pour favoriser les pays scandinaves. Peut-être parce qu’il y aura les Championnats du monde en Norvège. Je pense qu’il y a de la place pour tout le monde. Je vais lâcher ce mot : « c’est dégueulasse ». Après côté français, on manque cruellement de médiatisation dans le cyclisme féminin. Mais si on était monté en World Tour, je pense que certaines télévisions auraient été intéressées pour diffuser la Route de France.

« C’est une belle claque que je viens de prendre »

Maintenant, quelles vont être les conséquences pour votre course ?
Je ne peux pas me permettre de vendre la Route de France aux collectivités et aux villes en leur disant que je vais avoir les meilleures équipes mondiales alors que je sais qu’elles ne viendront pas. Je ne peux malheureusement pas organiser l’édition 2017. C’est vraiment dommage car mon parcours était en bonne voie.

C’est un crève-cœur pour vous de ne pas pouvoir organiser l’édition 2017 de la Route de France ?
Depuis 2003, où j’ai quitté Amaury Sport Organisation ASO en bon terme, je me suis mis au service du cyclisme féminin. C’est une belle claque que je viens de prendre. Car cela fait douze ans que je suis à la tête de la Route de France. À l’époque, le président de la FFC, Jean Pitallier, m’avait demandé de relancer une course féminine depuis que le Tour de France féminin avait perdu son label international. J’y suis allé de ma propre initiative. Et aujourd’hui, tout mon travail accompli depuis douze ans a été balayé en un coup de crayon.

Comment les collectivités ont-elles accueilli cette nouvelle ?
Elles sont déçues. L’une d’entre elles m’a contacté ce week-end pour me renouveler son soutien pour 2018. Si tu repars l’an prochain, on sera à tes côtés. Mais cette année va être catastrophique pour nous.

« L’UCI a publié un communiqué de presse pour annoncer qu’elle était prête à réétudier la venue de la Route de France sur le calendrier World Tour 2018 »

Voyez-vous un avenir pour la Route de France ?
Je vais réinscrire mon épreuve au calendrier 2018. Je vais demander le soutien du nouveau président de la FFC. Et j’ai cet espoir également que David Lappartient soit élu à la présidence de l’UCI en septembre prochain. D’ici là, je vais devoir prendre des risques car je suis à la tête d’une petite entreprise. J’ai des frais à régler. Car en 2017, je vais connaître une année catastrophique. S’il n’y a pas de course, il n’y aura pas de retombées financières pour notre structure. Mais apparemment, l’UCI s’en fout.

Allez-vous représenter un dossier de candidature pour 2018 ?
Bien sûr. Surtout qu’après ma réaction dans les médias, l’UCI a publié un communiqué de presse pour annoncer qu’elle était prête à réétudier la venue de la Route de France sur le calendrier World Tour 2018. Moi, j’aimerais bien les rencontrer. Car je leur demande un rendez-vous depuis 2014. Pour l’instant, j’attends toujours un retour de leur part. Mais moi, je veux me battre jusqu’au bout pour récupérer ma place mais ma place au mois d’août…

Légende photo : Le directeur de la Route de France, Hervé Gerardin, est en colère contre l’Union cycliste internationale (Compte Facebook Route de France)

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Les Strade Bianche pour Longo-Borghini

Compte-rendu.Au terme d’une course à rebondissements courue sous la pluie, Élisa Longo-Borghini triomphe ce samedi sur les Strade Bianche. L’Italienne s’impose au sprint devant la Polonaise Katarzyna Niewiadoma et la Britannique Élizabeth Deignan. La première Française, Edwige Pitel, termine 26e. Grâce à ce succès, la coureuse de Wiggle High5 prend les commandes du classement général du World Tour. Prochain rendez-vous le 11 mars sur le Tour de Drenthe.

Reconnus et connus pour ses secteurs de terres blanches, les Strade Bianche ouvrent cette deuxième saison du World Tour féminin. À cette occasion, tous les tifosi espéraient enfin voir une Italienne s’imposer sur la Piazza del Campo de Sienne. C’est chose faite puisqu’Élisa Longo-Borghini remporte cette première manche du World Tour devant la Polonaise Katarzyna Niewiadoma et la Britannique Elizabeth Deignan.

Pour l’Italienne, c’est donc la plus belle victoire de sa carrière. Pourtant, cette troisième édition des Strade Bianche, courue sous la pluie, a connu de multiples rebondissements. Tout d’abord, avec l’abandon de la lauréate du classement général du World Tour, Megan Guarnier. Souffrant de maux de têts, elle a préféré mettre pied à terre. Cela faisait une sérieuse concurrente de moins dans l’emballage final pour la coureuse de Wiggle High5.

San Marino in Grania, juge de paix des Strade Bianche

Malgré ce fait de course, les choses sérieuses ont commencé à l’occasion du secteur de San Marino in Grania, long de neuf kilomètres. C’est à ce moment que le peloton a explosé en plusieurs groupes. Parmi eux, les Françaises ont été piégées et n’auront jamais pu revenir à hauteur du groupe de tête. La meilleure d’entre elles reste la championne de France en titre, Edwige Pitel, qui termine 26e à plus de deux minutes de la gagnante du jour.

Devant, les meilleures vont s’expliquer pour la victoire finale. Et à ce petit jeu, c’est Élisa Longo-Borghini qui en sort victorieuse au terme de ces 127 kilomètres de course. Avec ce succès, la Transalpine prend les commandes du classement général. Samedi prochain sur le Tour de Drenthe aux Pays-Bas, Katarzyna Niewiadoma et Élizabeth Deignan auront sans doute à cœur de prendre leur revanche sur Elise Longo-Borghini. La saison 2017 s’annonce d’ores et déjà palpitante…

Légende photo : Elisa Longo-Borghini s’impose sur les Strade Bianche (Compte Twitter Borghini)

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Fournier : « La FDJ va nous apporter beaucoup »

Présentation.À l’occasion de l’anniversaire des 20 ans de son équipe cycliste professionnelle, la Française des jeux a présenté, ce jeudi soir à Paris, sa formation féminine FDJ Nouvelle Aquitaine Futuroscope. Depuis juillet dernier et l’annonce de ce partenariat, Roxane Fournier, la chef de file de cette équipe, en attend beaucoup. En effet, cette année, la seule formation française présente au plus haut niveau international espère remporter de nombreuses victoires en World Tour. Et les nouvelles recrues, Shara Gillow et Roxane Knetemann, permettront à Roxane Fournier de jouer les premiers rôles au sprint. Maintenant c’est aux filles de la FDJ Nouvelle Aventure Futuroscope d’écrire la plus belle page de leur histoire.

Roxane, l’arrivée de la FDJ comme partenaire va faire du bien à votre équipe. C’est quelque chose que vous attendiez depuis longtemps, n’est-ce pas ?
Cela faisait longtemps que l’on attendait enfin qu’un sponsor d’une telle envergure investisse dans le cyclisme féminin. Maintenant, c’est chose faite. La FDJ va nous apporter beaucoup, avec notamment une certaine notoriété. Maintenant, c’est à nous d’écrire cette belle histoire.

Concrètement, qu’est-ce-que cela va changer pour votre équipe ?
Grâce à ce partenariat, on aura un budget bien plus important que par rapport aux années précédentes. On aura plus de moyens afin d’être dans les meilleures conditions pour performer sur les courses. Ensuite, tout le monde connaît l’équipe masculine FDJ et tout le monde fera le rapprochement avec nous. Cela va nous aider à obtenir une meilleure visibilité grâce aux choses qui ont été mises en place par les hommes depuis vingt ans.

Peut-on s’attendre à avoir un nouveau regard sur le cyclisme féminin ?
C’est fort possible. Ce sera l’occasion, pour ceux qui ne connaissaient pas le cyclisme féminin, de nous découvrir. On espère faire naître un engouement auprès du public. C’est le plus important pour toutes les filles.

« Le sponsor FDJ s’est engagé pour les deux prochaines années »

Voyez-vous déjà une différence sur la scène médiatique depuis l’annonce de ce nouveau partenariat ?
Il y a eu un buzz au moment de l’annonce de ce partenariat avec la FDJ. Maintenant, il faudra attendre le début de la saison pour voir le réel impact que peut nous apporter ce sponsor sur les courses internationales.

Maintenant, pensez-vous que les autres équipes du World Tour vont-elles vous prendre un peu plus au sérieux ?
C’est fort possible. Avec les nouvelles recrues, on a vraiment une équipe compétitive. Les autres formations du World Tour vont nous prendre un peu plus au sérieux. Maintenant, c’est à nous de le prouver sur la route.

C’est une nouvelle histoire qui commence. L’objectif est de vous installer parmi les meilleures nations du cyclisme féminin…
Le sponsor de la FDJ s’est engagé pour les deux prochaines années. On a deux ans pour se hisser au plus haut niveau afin de s’installer durablement parmi les meilleures formations du World Tour.

« Cette année, je souhaite remporter une manche du World Tour féminin »

La sixième place aux Championnats du monde à Doha reste encore en travers de la gorge ou est-elle derrière vous à l’approche de démarrer cette nouvelle saison sur le World Tour ?
Je suis passée à autre chose. 2016 est fini maintenant il faut se projeter sur 2017. J’ai de belles choses à faire cette année avec de belles courses à remporter. Je vais vraiment me focaliser là-dessus.

Quels sont vos objectifs pour 2017 ?
Cette année, je souhaite remporter une manche du World Tour féminin. Je tiens à vous rappeler que cette compétition a vu le jour en 2015 et c’est le pendant des courses à l’internationale chez les hommes. En 2017, il y aura des nouveautés comme l’Amstel Gold Race où encore Liège-Bastogne-Liège. D’un point de vue personnel, je serai plus focalisée sur les classiques.

En plus, l’équipe a été renforcée pour vous permettre de vous imposer au sprint…
Avec les arrivées de Shara Gillow et Roxane Knetemann, l’équipe a été renforcée. C’est un plus pour moi de m’imposer au sprint. J’aurais donc quelques occasions et ce sera à moi de les saisir.

Légende photo : Roxane Fournier veut au moins gagner une manche sur le World Tour avec cette nouvelle équipe FDJ Nouvelle Aquitaine Futuroscope (Ladies Sports)