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Iris Sachet : « Cela devait être mon jour »

Interview. Quelle belle surprise ! Iris Sachet a remporté le Prix de la ville de Morteau (Doubs), ce dimanche pour le compte de la deuxième manche de la Coupe de France, devant Marie-Morgane Le Deunff (Breizh Ladies) et Fernanda Ya Pura (St-Michel-Auber93). Par la même occasion, celle qui travaille sur  l’optimisation de la performance et l’adaptations des coordinations musculaires à l’exercice maximal de pédalage offre une première victoire au Team Elles Pays de la Loire. Rendez-vous le week-end prochain dans les Yvelines pour tenter de surfer sur cette bonne dynamique.

Iris, quel sentiment prédomine-t-il après votre victoire, ce dimanche, sur le Prix de la ville de Morteau ?

C’est beaucoup de joie ! Je ne m’y attendais pas ! Avant la course, je n’avais pas la prétention de m’imposer sur un parcours difficile. On avait plutôt l’habitude de me voir gagner au sprint. Dernièrement, j’ai de bonnes sensations lorsque cela grimpe. La forme était au rendez-vous. De là à lever les bras sur le Prix de la ville de Morteau, c’est quelque chose d’énorme. En plus, c’est la première victoire pour le Team Elles Pays de la Loire !!!

Qu’est-ce que cela représente pour vous de remporter une manche de la Coupe de France ?

À titre personnel, c’est ma plus grande joie d’apporter cette victoire au Team Elles Pays de la Loire. Tout le monde était ravi pour moi. C’est ce qui me fait le plus plaisir. L’équipe a été créée depuis quatre-cinq ans, si je ne dis pas de bêtises. Je connaissais les filles avant de rejoindre cette équipe. C’est une ambiance très familiale. Le staff fait un travail exceptionnel pour nous tirer vers le haut. J’espère que le club va continuer à surfer sur cette bonne dynamique.

Aviez-vous coché cette épreuve sur votre calendrier ?

Non, pas du tout ! Étant en dernière année de thèse, il est difficile pour moi de m’entraîner. Pour moi, le confinement a eu un effet bénéfique car j’étais souvent sur Ewift pour rouler. Du coup, je n’avais pas de retard sur les autres filles. En déconfinement, j’étais en télétravail. J’avais plus de temps pour rouler. Je pouvais ainsi mieux me préprer pour les courses à venir. alord que ce n’était pas prévu. Depuis trois semaines, je sentais avoir de bonnes jambes. Hier, j’étais vraiment très forte dans le final. J’ai réussi à gérer pour ne pas me faire avoir.

« Je ne me voyais pas gagner au sprint »

Quel était votre plan au début de cette journée ?

On avait imaginé plusieurs scénarios. L’objectif était de placer une fille à l’avant. On savait pertinemment que le dernier col avant l’arrivée sur le circuit final allait être décisif si une échappée n’avait pas pris le large. Finalement, cela a été le cas. On était deux dans le groupe de tête. Derrière, le peloton n’a jamais réussi à revenir sur nous. Devant, j’étais accompagnée d’une junior. C’était sa première course sur une telle distance. Il a fallu que je manoeuvre toute seule pour ne pas me faire piéger. Comme la forme était là, je sautais dans tous les coups. À la fin, on est sortie à quatre et on a réussi bien s’entendre jusqu’au bout.

Comment avez-vous construit votre victoire ?

En début de course, j’étais pas bien physiquement car je n’aime pas trop la pluie. Je devais m’y mettre et les premiers efforts étaient difficiles. Heureusement, mes coéquipières ont fait un super travail pour que l’on ne se fasse pas piéger. Aujourd’hui, c’était pour moi. Demain, cela pourrait être une autre fille de mon équipe.

Dans le final, vous sentiez-vous la plus forte ? 

Je ne me dis jamais que je suis la plus forte. Au contraire, j’étais heureuse de faire partie de cette échappée. Aujourd’hui, la course a été limpide pour moi. Cela devait être mon jour. C’est vrai que je n’ai pas eu beaucoup de difficulté pour me retrouver dans ce groupe de quatre. Par contre; je manquais de kilomètres dans les jambes. J’ai commencé à avoir quelques petites crampes mais j’ai réussi à gérer jusqu’au bout. À trois kilomètres de l’arrivée, j’ai remis une attaque afin que le groupe de derrière ne rentre pas sur nous sinon je ne me voyais pas gagner au sprint. Dans le dernier kilomètre, Cédrine Kerbaol a attaqué. J’ai alors pris sa roue. Elle ne voulait plus collaborer avec moi. Dans cette ultime bosse, c’était un peu sauve qui peut. J’ai alors décidé de placer une nouvelle attaque à 500 mètres de l’arrivée. J’ai réussi à tenir jusqu’au bout pour m’imposer. C’est énorme !

Iris Sachet vise le podium en Coupe de France avec le Team Pays de la Loire (Patrick Pichon – FFC)

La formation St-Michel-Auber93 sera difficile à battre cette année ? 

L’équipe St-Michel-Auber93 a un super effectif. Je pense qu’elle va être difficile à la détrôner. De notre côté, nous avons de jeunes filles. Elles ne sont pas autant expérimentées que celles de St-Michel. Il va falloir réussir à tenir bon face à elles. La victoire finale en Coupe de France reste utopique. Cependant, si on termine sur le podium, ce sera une grosse performance pour notre équipe.

Dans ces conditions si particulières, quels peuvent être vos objectifs pour cette fin de saison ?

Vous savez, avec mon emploi du temps très chargé, je me fixe aucun objectif. Je veux juste prendre du plaisir sur le vélo. Je prends part aux courses pour être avec les filles et leur apporter tout ce que je peux.

Quel est votre programme pour la suite de votre saison ?

Je serai présente le week-end sur la troisième manche de la Coupe de France dans les Yvelines. Ensuite, si l’on peut poursuivre cette saison, je serai avec les filles sur les différentes épreuves du calendrier national.

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Donnons des Elles au Vélo Non classé

Solène Marquet : « Promouvoir le cyclisme féminin en Auvergne »

Interview. Grande première pour Solène Marquet. Pour ses débuts avec Donnons des Elles au vélo, l’Issoirienne, originaire de Brioude, se remémore son passage en Auvergne. La jeune femme, âgée de 24 ans, avait tout mis en oeuvre pour accueillir au mieux ses coéquipières ans sa région de coeur. Finalement, c’est une aventure qui restera à jamais gravé dans sa vie. 

Quel est votre sentiment après votre arrivée sur les Champs-Élysées ?

C’était une grande première pour moi d’arriver sur l’une des plus belles avenues du monde. Originaire d’Auvergnate, je ne connais pas la grande ville. C’était très beau de terminer l’aventure sur les Champs-Élysées. En plus, on a eu le droit à la petite coupe de champagne, comme font les professionnels sur la dernière étape du Tour de France. C’était un moment magique à vivre. Cette aventure restera à jamais gravé dans ma vie.

Pouvez-vous nous raconter ce que vous avez vécu votre aventure ?

Pour ma part, c’est le passage en Auvergne qui reste le plus beau souvenir de ces trois semaines. C’était magique de retrouver les copains et les amis qui étaient à mes côtés pour rouler sur ces étapes dans le Massif central. Mais le plus important pour moi, c’est de promouvoir le cyclisme féminin en Auvergne.

Les étapes dans le Massif central étaient-elles plus difficiles que dans les Pyrénées ou dans les Alpes ?

Le  Massif  central est très vallonné. C’est toujours en prise. Cela demande d’avoir un gros physique. Ce sont des parcours où il y a beaucoup de dénivelé positif. Par exemple, on est arrivées sur le coup de 20 heures à Puy Mary. C’était une étape exigeante avec la succession de cinq cols dans la journée.

« Christian Prudhomme est venu à notre rencontre à Clermont-Ferrand »

Comment pourrait-on le différencier ?

Dans les Alpes, c’est du déjà vu. Dans les Pyrénées, c’était la grande découverte pour moi. J’ai vraiment été impressionnée dans ces cols pyrénéens. Je reviendrai sûrement faire un  petit tour dans les Pyrénées dans les prochaines semaines.

Avez-vous eu le temps de rendre hommage à Raymond Poulidor sur ce Tour de France ?

C’était sur l’étape la plus longue de ce Tour de France. Malheureusement, on a filé vite vers Sarran. On n’a pas pu s’arrêter pour lui rendre hommage. À l’arrivée au Musée Jacques Chirac, c’était très émouvant d’y être.

Comment avez-vous géré ces trois semaines en terme de récupération ?

En effet, sur cette aventure, il m’a manqué un peu de sommeil. Surtout après le passage en Auvergne car j’ai été beaucoup sollicitée car je voulais porter au mieux le projet Donnons des Elles au Vélo M-1 dans ma région.

Au final, votre message a-t-il été entendu sur les routes du Tour de France ?

On a eu du monde tout au long du parcours, surtout en Lozère chez Céline (Lauret). Par ailleurs, Christian Prudhomme, le patron du Tour de France, est venu à notre rencontre à Clermont-Ferrand . C’était une vraie belle surprise pour nous. Preuve que maintenant, on va travailler main dans la main avec Amaury Sport Organisation (ASO) pour promouvoir le cyclisme féminin.

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Céline Lauret : « Messieurs, préparez-vous au Col de la Loze »

Interview.   Pour sa deuxième participation avec Donnons des Elles au Vélo, Céline Lauret  a une petite pensée pour les hommes, qui prendront le départ du Tour de France le 29 août à Nice, lors de son arrivée sur les Champs-Élysées. Car cette année, la Grande Boucle sera pour un grimpeur. Un sentiment partagé par la professeure en Sciences Médico-sociales. La jeune femme, âgée de 33 ans, aura pris beaucoup de plaisir en Lozère, dans son département, ainsi que dans les Alpes. Pour elles, le Tour se jouera sur ces dernières étapes alpestres… 

Céline, comment avez-vous vécu cette aventure ?

Pour mon deuxième Tour de France, j’ai vécu une aventure extraordinaire ! À M-1, on a eu un accueil fabuleux même si j’avais quelques craintes que l’on soit un peu seules sur les routes de la Grande Boucle. En effet, grâce aux médias, aux collectivités locales, on a été très encouragées tout au long de notre parcours.

Dans ce contexte si particulier, comment avez-vous réussi à préparer ce Tour de France ?

Certes la préparation a été tronquée en raison du confinement. Malgré tout, on a gardé le lien avec les filles par visioconférence, ou grâce à une application cycliste pour continuer à s’entraîner à la maison. Avant la crise sanitaire, on avait fait un stage d’une semaine en Espagne. Au moment du déconfinement, on a réalisé un voyage à vélo avec des sacoches afin d’engranger un maximum de kilomètres dans les jambes.

Ce Tour n’a pas été trop difficile pour vous ?

Cela a commencé très fort dès le deuxième jour de notre aventure dans Nice. Ensuite, il y a eu l’arrivée au sommet d’Orcières-Merlette. Sans oublier, les étapes difficiles dans les Pyrénées avec l’arrivée à Marie-Blanque. On a également eu la chance de passer dans le Massif central avec la majestueuse arrivée à Puy Mary. Cette année, c’est un Tour de France pour les grimpeurs.

« C’était beaucoup d’émotion d’arriver dans mon département »

Parlons un peu des hommes. Dans quelques jours, ils vont prendre le départ du Tour de France. À quoi doivent-ils s’attendre ?

Je leur souhaite bien du courage ! C’est un Tour pour les costauds du peloton international. Le parcours est très exigeant. Le Tour pourrait se jouer dans les Alpes car sur les quatre jours, il y aura des forts pourcentages à passer. En 2018, j’étais déjà sur les routes avec Donnons des Elles au Vélo. Le plateau des Glières m’avait paru très difficile. Cette année, il est passé comme une lettre à la poste. Messieurs, préparez-vous au Col de la Loze.

Pour en revenir à votre aventure, vous attendiez-vous à vivre un tel moment en Lozère ?

L’arrivée au Mont Aigoual reste mon étape de cœur car c’était chez moi. Mes amis étaient présents avec moi, ainsi que mon club locales, les Loz’elles qui m’ont accompagnée durant l’intégralité de cette étape. C’était beaucoup d’émotion d’arriver dans mon département. Par ailleurs, je tiens à remercier le conseil départemental de la Lozère qui a soutenu le projet Donnons des Elles au Vélo.

Finalement, pensez-vous que votre message a été entendu durant ces trois semaines ?

On ne savait pas trop s’il y aurait du monde pour nous accueillir sur les différentes étapes du parcours. Certes, il n’y avait pas les campings-cars dans les cols comme cela pouvaient être le cas les années précédentes. Finalement, l’accueil des collectivités locales a compensé ce manque de public sur les différents cols Que ce soit au départ ou à l’arrivé de chacune des 21 étapes du parcours, on a eu des discours des différents maires ou élus locaux des villes-étapes. Par ailleurs, les médias locaux ont vraiment joué le jeu. On avait les caméras de France Télévisions régional. Au final, les gens venaient nous applaudir pour nous et non seulement pour  les professionnels. C’était une énorme surprise pour nous.

Quel message avez-vous envie de véhiculer pour les jeunes générations ?

Encourager la pratique du cyclisme féminin, de démocratiser le sport. Il faut vraiment faire tomber les barrières. J’ai envie que les petites filles, en voyant nos lives Facebook ce que l’on a pu réaliser sur le vélo, se disent, un jour, je voudrais prendre une licence dans un club, ou que leur parents leur achètent un vélo.  C’est vraiment un sport qui permet l’émancipation. Grâce à ce sport, on peut rencontrer des personnes fabuleuses et partager des moments exceptionnels. C’est important également de se mettre à la compétition. Car plus il y aura de compétitrices, plus il y aura des courses  C’est un cercle vertueux. Si on peut donner envie à d’autres pratiquantes de s’y mettre, on aura réussi notre mission par rapport à ce dernier M-1.