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Sandra Lévénez :  « Avec du recul, cette deuxième place me laisse toujours un goût d’inachevé »

Interview. Encore méconnue du peloton international, il faudra désormais compter sur Sandra Lévénez à l’avenir. Même si cette deuxième place décrochée ce samedi sur la Périgord Ladies lui laisse un goût d’inachevé, la jeune femme va tout mettre en oeuvre pour ne pas revivre le même scénario sur une prochaine course. Car elle le sait bien, on ne retient que les victoires. Certes, mais on ne va pas bouder notre plaisir car on n’a pas souvent l’habitude de voir une Tricolore à telle fête. Car Sandra peut être satisfaite à double titre puisqu’elle décroche son premier podium sur la scène internationale, tout comme sa jeune équipe. Tout roule bien pour Arkéa, à quelques jours des Championnats de France de cyclisme sur route à Grand-Champ.

Sandra, deux jours après votre deuxième place sur la Périgord Ladies, quel sentiment prédomine-t-il ?

Avec du recul, cette deuxième place me laisse toujours un goût d’inachevé. Bien évidemment, avant la course, j’aurais signé tout de suite pour un tel résultat. Car sur les courses, on ne retient que les victoires. Et la vérité d’un jour mais pas celle du lendemain,. Il faudra toujours avoir cela dans un un coin de ma tête.

Avez-vous des regrets sur cette course ?

Oui, j’ai fait quelques erreurs. Par exemple, j’ai sans doute mal exploité le bénéfice de la descente, qui était à trois kilomètres de l’arrivée. J’aurais pu être à l’offensive pour m’imposer sur cette course. Avec des si, on peut tout refaire… J’ai revu les cinq derniers kilomètres pour savoir comment j’aurais pu mieux manoeuvrer pour m’imposer sur cette Périgord Ladies. Maintenant, le plus important est de tirer les enseignements d’une telle situation afin de ne pas reproduire les mêmes la prochaine fois.

Qu’est-ce que représente pour vous ce premier podium sur la scène internationale ?

C’est une double satisfaction ! Pour moi, individuellement, c’est un bon résultat. Vous savez, lorsque j’ai intégré l’équipe Arkéa Pro Cycling Team, j’avais juste une cinquième place sur la Classique des Pyrénées à mon actif. Collectivement, c’est le tout premier podium sur la scène internationale pour notre jeune équipe. Je pense que ce résultat va nous décomplexer. Lorsqu’un nouveau maillot fait son apparition au sein du peloton international, il faut réussir à trouver sa place. Je pense que cela va motiver les autres filles de l’équipe pour aller chercher un aussi bon résultat sur les autres courses.

Est-ce que cette seconde place a-t-elle le goût d’une victoire pour Arkéa Pro Cycling Team ?

Une victoire, je ne le pense pas ! Une étape, c’est certain ! En tout cas, ce résultat valide tout le travail accompli depuis sa création, à l’hiver dernier. Il faut franchir les étapes les unes après les autres. Maintenant, il ne reste plus qu’à monter sur la plus haute marche du podium pour notre jeune équipe.

« Le projet Arkea a été une vraie opportunité pour moi »

Pour en savoir un peu plus sur vous, comment avez-vous découvert le cyclisme ?

Au tout début, je pratiquais la course à pied. J’ai basculé vers le duathlon. Ensuite, je me suis demandé comment je pouvais m’améliorer sur le vélo. La réponse a été très simple. J’ai pris une licence pour pratiquer le cyclisme. Toute seule, j’ai essayé de me motiver pour prendre le départ de quelques compétitions. Finalement, j’avais du mal à le faire. J’avais besoin d’être au sein d’une équipe, d’un projet pour performer.

Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre la Team Arkéa ?

Au début, lorsque l’équipe était en cours de création, à l’automne dernier, je me disais que cela ne me concernait pas. Quelques semaines plus tard, j’ai révisé mon jugement. J’ai envoyé ma candidature à Gabrielle Rimasson, qui avait la charge de constituer cette nouvelle équipe. C’était une idée plutôt gonflée de ma part. Elle m’a dit ok pour intégrer cette formation. Depuis, je travaille beaucoup pour rester au niveau. En parallèle, le nouveau directeur sportif, Franck Renimel, m’a expliqué ce que je pouvais apporter certaines choses à l’équipe et vice-versa. Cela permet d’avoir une bonne complémentarité au sein de notre groupe.

Votre entourage vous soutient-il dans vos différents choix de carrière ?

Mes parents m’ont toujours accompagnée dans ce que je pouvais entreprendre. Cependant, ils ne sont pas inclusifs. C’est moi qui fait ce que je veux. Personne ne décide à ma place. Lorsque je décide de prendre part à une aventure professionnelle, j’aime bien savoir comment je vais m’y prendre pou m’épanouir dans  ce projet. Bien évidemment, mon entourage est là pour me poser les bonnes questions et me remettre en cause, avec bienveillance. C’est une chance pour moi de vivre dans un tel environnement.

Pourquoi n’avez-vous pas basculé vers le triathlon ?

À aucun moment, je n’étais pas en capacité d’être performante sur un triathlon. J’avais beaucoup de retard en natation. Je savais que c’est rédhibitoire pour jouer les premiers rôles en triathlon. Au final, j’ai choisi le cyclisme. Je prends beaucoup de plaisir à pratiquer ce sport. Et puis, le projet Arkea a été une vraie opportunité pour moi.

« Le danger, c’est d’avoir un excès de confiance »

Au final, n’avez-vous pas des regrets d’avoir choisi le cyclisme comme sport ?

Vous savez, lorsque je m’engage à fond dans un projet, je ne suis pas du genre à regarder derrière moi. Il ne faut pas s’enflammer. Il faut juste apprécier ce bon résultat de ce week-end. Maintenant, il faut penser aux prochaines échéances à venir. Pour ma part, je vais continuer à bosser pour franchir petit à petit les paliers.

Avec un tel résultat, vous allez aborder les courses avec plus de confiance ?

Je ne sais pas si on peut le dire comme cela. À mon échelle, cela va me permettre de valider mes choix d’entraînements. Tout s’arrête là. pour moi car je suis toute neuve dans le milieu du cyclisme. Avant cette épreuve, les files ne me connaissaient pas. Maintenant, je vais être davantage surveillée pr mes rivales. C’est le jeu. Maintenant, le danger, c’est d’avoir un excès de confiance.

Quel rôle avez-vous au sein de l’équipe Arkea Pro Cycling Team ?

Mon rôle sera d’être au service de mes coéquipières sur les courses sur le plat afin de les mettre dans les meilleures conditions pour jouer la gagne. Ensuite sur les étapes vallonnées, ou avec de gros reliefs, ce seront à elles de me mettre sur orbite

« C’est un privilège d’avoir un championnat sur ses terres car cela n’arrive pas si souvent que cela dans une vie de sportive de haut niveau »

Quelles sont vos prochaines courses ?

La prochaine échéance reste le Championnat de France, le week-end prochain à Grand Champ. Vendredi, il y aura l’épreuve du contre-la-montre. La course en ligne se déroulera quant à elle, le samedi. Ensuite, il y aura encore de belles courses à courir jusqu’à la fin de la saison.

Pouvez-vous nous dire un mot sur ces Championnats de France. Qu’en attendez-vous ?

Les attentes vont être collectives. On va évoluer sur nos terres. Il ne faudra pas être submergée par l’enjeu. Si j’ai un message à faire passer. C’est un privilège d’avoir un championnat sur ses terres car cela n’arrive pas si souvent que cela dans une vie de sportive de haut niveau. Il faudra dédramatiser autour de cet événement. On aura à coeur de bien faire.

Pouvez-nous  en dire plus sur le tracé de Grand Champs ?

Il y a une dizaine de jours,  on a fait la reconnaissance des Championnats de France, avec une partie de l’équipe Arkéa. C’est un tracé très sélectif  et usant. Et pour ne pas arranger les choses, les conditions météorologiques risquent de venir jouer les troubles-fête sur cette épreuve. Ce championnat reste une course d’un jour. Bien évidemment, on aura un plan en tête. Il faudra surtout savoir s’adapter aux différents scénarios de course afin d’aller chercher le meilleur résultat possible pour notre équipe.

Au final, la formation Arkéa Pro Cycling Team pourrait-elle jouer l’arbitre entre la FDJ-Nouvelle-Aquitaine-Futuroscope et la Charente-Maritime Women Cycling ?

Lorsque l’on voit la liste de départ, Arkéa arrive comme la troisième équipe, derrière la Charente-Maritime Women Cycling et la FDJ-Nouvelle-Aquitaine-Futuroscope. Je ne sais pas si on aura ce rôle d’arbitre. Une chose est sûre, on va se mêler à la lutte finale pour décrocher ce maillot bleu-blanc-rouge.

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Donnons des Elles au Vélo Non classé

Au pays de la Loze

Les jours se suivent et se ressemblent pour les filles de Donnons des Elles au Vélo ! Après une belle mise en route, au cours de cette première journée dans les Alpes, elles ont encore eu le droit à un programme costaud, ce dimanche sur la 17e étape, avec l’arrivée au sommet du Col de la Loze.  Quelle journée de folie ! 
Pas de repos pour nos guerrières ! Après une première journée musclée dans les Alpes, les filles s’attaquent à l’une des étapes les plus difficiles de ce Tour de France. Certes, elle est courte mais très raide. Au programme, le Col de la Madeleine, mais surtout la montée inédite vers le Col de la Loze. 

Ce matin, au départ de Corenc, les filles avaient quelques kilomètres de répit avant d’attaquer la première difficulté du jour avec la montée du Col de la Madeleine, et ses 17,1 km d’ascension  à 8,4% de moyenne. 

À la découverte du Col de la Loze
Pour couper un peu cette descente, longue de 20 km, le groupe s’arrête à mi-chemin pour dejeuner. Car, la faim se fait sentir après un tel effort. Le plus dur reste à venir… 
Quarante kilomètres plus tard, les filles démarrent le gros morceau de la journée. Le Col de la Loze, et ses 21,5 km d’ascension à 7,8% de moyenne. Apparemment, les six premiers kilomètres atteignent à 8 ou 9%. Les choses sérieuses n’ont pas encore commencé. Au-dessus de Méribel, la route va enfin livrer une fin d’ascension terrible. 
Les derniers kilomètres semblent interminables, avec deux ou trois rampes à 20%. À l’arrivée, les filles peuvent admirer la vue magnifique en haut de ce sommet. Le groupe attendent les dernières et repartent dans l’autre sens pour rejoindre leurs voitures, garées en bas. Les filles peuvent se changer et se réchauffer avant de se dire que les étapes alpestres se terminent demain soir… 

 

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Donnons des Elles au Vélo

Laura Lestingi : « Apporter ma pierre à l’édifice »

Interview. En 2017, Laura Lestingi avait fait la rencontre de l’équipe Donnons des Elles au Vélo. Curieuse de savoir ce qu’elles faisaient sur les Champs-Élysées, elle avait trouvé le projet intéressant. Trois ans plus tard, elle a pris part à cette belle aventure humaine. Partie le 29 juillet dernier de Nice, Laura est revenue sur les deux premières semaines de son aventure. La jeune femme, âgée de 29 ans, a évoqué les deux belles arrivées au sommet à Puy Mary et au Grand Colombier. Maintenant place à la dernière semaine sur les routes du Tour de France. Pour Laura, son objectif sera de finir ce triptyque dans les Alpes avant de penser à l’arrivée sur les Champs-Élysées, le 20 août prochain.

 Laura, comment avez-vous connu le projet Donnons des Elles au Vélo j-1 ?

J’ai entendu parler du projet Donnons des Elles au Vélo j-1, il y a trois ans, je crois bien. J’étais présente sur la course Les Champs pour Elles avec deux copines.  On se demandait ce qu’elles faisaient la plus belle avenue du monde. Elles nous ont alors expliqué leur projet. Ensuite, j’ai voulu y prendre part mais je n’ai pas pu le faire tout de suite. Du coup, la bonne, c’est pour cette année.

Pourquoi avez-vous décidé de prendre part à une aventure aussi folle ?

J’étais fan du projet. En plus, j’adore pratiquer une activité physique avec des personnes qui partagent les mêmes valeurs que moi. Ensuite, je constate que depuis de nombreuses années, il y a peu de femmes qui font du vélo. Je trouve dommage que le cyclisme soit considéré comme un sport d’hommes. J’avais alors envie d’apporter ma pierre à l’édifice afin de promouvoir le cyclisme féminin à travers ce beau projet.

Qu’est-ce-que cela représente pour vous de faire partie de cette équipe ?

Je suis très heureuse de participer à cette superbe aventure humaine. J’avais envie de relever ce challenge. Près de 3 500 kilomètres avec beaucoup de dénivelé positif, c’est une immense fierté pour moi de faire partie de cette équipe.

« Puy Mary était vraiment un calvaire pour moi »

Comment avez-vous vécu ces deux premières semaines sur les routes du Tour ?

Pour l’instant, tout se passe plutôt très bien. Depuis le début de l’aventure, je remarque que mon corps encaisse bien les efforts répétés. Chaque jour, on se demande comment on va finir physiquement l’étape. Finalement, on repart au combat. Et lorsque l’on connaît un coup de moins bien, on est portées par l’équipe. C’est très stimulant pour nous !

Qu’est-ce qui vous a paru le plus difficile durant ce début de Tour ?

Le plus difficile, c’était le manque d rythme. Je m’explique, on devait respecter le temps de pause à la minute près. C’était un peu frustrant mais je peux le comprendre car on avait guère le luxe de prendre du retard sur notre tableau de marche fixé par notre staff.

Les arrivées à Puy Mary et au Grand Colombier vous ont elles donné le tournis ?

C’était deux belles arrivées en haut d’un sommet avec le soleil qui se couchait. C’était chouette. Ensuite, Puy Mary était vraiment un calvaire pour moi même si on s’était préparé à vivre une journée galère dans le Massif central. Hier, sur cette 15e étape, ce n’était pas pareil. Après la Montée de Selle de Fromentel, la première difficulté du jour, qui était vraiment raide, les deux autres Cols, dont la montée finale vers le Grand Colombier, semblaient plus facile à escalader.

Pensez-vous que ces deux étapes seront-elles être décisives sur le prochain Tour de France ?

Sur ce genre d’étape, les favoris du Tour de France pourraient bien faire la différence lors de ces deux arrivées au sommet. Les grimpeurs seront à la fête dans les forts pourcentages dans la Montée de Selle de Fromentel, je l’imagine en tout cas. Cependant, je ne connais pas la stratégie des différentes équipes durant ce Tour de France.

« Cela me motive de me dire que je vais bientôt arriver sur les Champs-Élysées. »

Pour en revenir à vous, quel était le programme de cette journée de repos ?

Tout d’abord, on n’avait pas mis de réveil, ce matin. C’était plutôt chouette. Ensuite, on a pris du temps pour se faire masser. Le midi, on a commandé des pizzas. Dans l’après-midi, on s’est baignées et on a joué au Mölkky. On a passé une belle journée.

Comment appréhendez-vous cette dernière semaine sur le vélo ?

Il va falloir réussir à enchaîner les trois étapes de montagne dans les Alpes qui arrivent dans les prochains jours. Mon objectif, pour ma part, sera de passer ce triptyque alpestre. Si je contourne ce gros morceau, tout roulera pour moi jusqu’à l’arrivée finale à Paris, le 20 août prochain.

Dans un coin de votre tête, pensez-vous déjà à l’arrivée sur les Champs-Élysées ?

Oui, j’y pense beaucoup. Cela me motive de me dire que je vais bientôt arriver sur les Champs-Élysées. Cela va rendre ces dernières étapes plus facile à digérer…

Au final, qu’allez-vous retenir de votre aventure ?

Je vais retenir toutes les émotions que l’on a pu partager sur ce Tour de France. Je retiendrai également les amitiés solides qui ont pu se nouer pendant cette belle aventure. On est sur notre petit nuage. Le groupe vit très bien. Ce sera donc difficile de se quitter, une fois arrivée à Paris….

Laura Lestingi (Au second plan, 4e en partant de la gauche), pense déjà à l’arrivée sur les Champs-Élysées (Crédit photo : Marie Istil)