Catégories
Piste

Sanchez : « Il est important de garder la tête froide »

Entretien.Il n’y a pas encore le feu dans la maison. Pour le moment, les résultats ne sont pas encore à la fête pour les féminines de l’équipe de France de cyclisme sur piste. Malgré une bonne première manche disputée le week-end dernier à Saint-Quentin-en-Yvelines, les Bleues ont eu des difficultés à enchaîner de belles performances, ce week-end à l’occasion de la deuxième manche de Coupe du monde disputée à Milton. Comme nous l’explique Clara Sanchez, sélectionneure nationale du sprint féminin, dans un entretien qu’elle nous a accordé. Maintenant, il faudra rebondir pour décrocher enfin un podium pour la vitesse française sur les prochaines manches de Coupe du monde.

Clara, que pouvez-vous nous dire sur l’ambiance qu’il régnait dans le vélodrome de Milton au Canada ?
Au Canada, les tribunes sont plus petites et le il n’y avait pas trop de public durant ce week-end de compétition. L’ambiance à Milton était différente de celle que l’on a pu connaître la semaine dernière à Saint-Quentin-en-Yvelines.

Et comment est-elle en équipe de France ?
Il y a une bonne ambiance en équipe de France. Tout se passe bien car les filles et les garçons de la sélection nationale se côtoyant et s’entraînent ensemble tout au long de l’année.

Quel sentiment prédomine-t-il après cette deuxième manche de Coupd u monde de cyclisme sur piste disputée au Canada ?
Il est très mitigé ! Après Saint-Quentin-en-Yvelines, où l’on avait à cœur de bien faire, on étaient un peu fatiguées physiquement et psychologiquement. Cela a été alors difficile d’enchaîner les bons résultats sur la piste de Milton.

« Heureusement que je ne vais pas déjà tirer la sonnette d’alarme après seulement deux manches de Coupe du monde »

Comment expliquez-vous cette huitième place sur la vitesse par équipes ?
Dès les qualifications, on n’était pas dans le coup. Par la suite, Mathilde Gros a eu des difficultés à suivre le rythme imprimé par Sandie Clair.

Comment analysez-vous les temps de Sandie Clair sur cette discipline ?
Sandie Clair n’était pas si loin que cela des temps qu’elle a pu réaliser le week-end dernier à Saint-Quentin-en-Yvelines. Ensuite, on avait choisi des braquets différents afin que Mathilde Gros puisse suivre Sandie. Finalement, Sandie a plutôt bien performé au Canada.

Quels enseignements allez-vous en retirer ?
Il y a des points physiques à améliorer chez nos athlètes féminines. Avec le temps qu’il nous reste avant les Championnats du monde de cyclisme sur piste, on va davantage travailler sur cet aspect afin de pouvoir performer au mieux sur les prochains rendez-vous internationaux.

Cela vous inquiète-t-il pour la suite de la saison ?
Heureusement que je ne vais pas déjà tirer la sonnette d’alarme après seulement deux manches de Coupe du monde. Mais je vais prendre en ecompte les résultats obtenus lors de ces deux premières compétitions de la saison. À Saint-Quentin-en-Yvelines, on termine sixièmes et à Milton, on finit huitième. Si on arrive à accrocher une quatrième ou une cinquième place, ce sera déjà pas mal en vitesse par équipes. Après, on ne peut pas être devant à chaque fois. Maintenant, il va falloir revondir et c’est ce que l’on fera d’ici la prochaine échéance internationale.

« On attend beaucoup trop de Mathilde »

Sur l’épreuve individuelle de la vitesse, Mathilde Gros peut-elle faire quelque chose contre la Hongkongaise Wai Sze Lee ?
Pour rappel, Mathilde Gros n’a que dix-neuf ans. Elle est encore en apprentissage mais elle progresse très vite. De son côté, la Hongkongaise Wai Ser Lee est plus âgée et mature. Ce ne sont pas les mêmes générations. On ne demande pas les mêmes choses à une fille de dix-neuf ans qu’à l’une qui est à l’apogée de sa carrière. Aujourd’hui, la Hongkongaise est plus forte que les autres. Pour autant le sera-t-elle dans six mois ? Ce n’est pas sûr. De son côté, Mathilde est en progression constante. Il n’y a pas encore le feu dans la maison.

Vous estimez que Mathilde est en progression contante, cela veut-il dire qu’elle a fait moins d’erreurs au Canada ?
Mathilde fait encore quelques petites erreurs tactiques sur la piste. C’est un peu normal car cela ne fait qu’un an et demi qu’elle est présente sur la scène internationale. Cela ne fait que quatre ans qu’elle fait du vélo. Techniquement et tactiquement, c’est plus difficile pour elle que pour une fille qui pratique le cyclisme sur piste depuis dix ou quinze ans.

Comment avez-vous trouvé Mathilde sur le keirin ?
Lorsque l’on s’aligne sur une compétition, c’est pour la remporter. Il y avait forcément de la déception pour Mathilde. Elle est encore jeune et elle a des difficultés pour enchaîner deux compétitions en l’espace d’une semaine. Malgré tout, on voit Mathilde très haut et très vite mais il faut rappeler d’où elle vient. Il faut savoir relativiser les choses.

On en demande peut-être beaucoup à Mathilde ?
On attend beaucoup trop de Mathilde. Ce qui me fait un peu peur, c’est tous les gens qui gravitent autour d’elle. Mais j’ai confiance en Mathilde car c’est une fille humble et intelligente. Finalement, ce que je eux vous dire, c’est qu’il faut lui laisser un peu de temps. Elle a un gros potentiel mais pour le moment, elle n’a pas un titre de championne du monde. Mathilde ne reste qu’un espoir du cyclisme sur piste français. On peut le voir chez les garçons où Sébastien Vigier a plus de résultats, et pourtant, il est moins médiatisé. Le chemin est encore long pour Mathilde.

« Chez les filles, on a une équipe de France en pleine construction »

Vous êtes un peu éloignée de l’endurance, mais comment avez-vous trouvé la prestation des Bleues sur les différentes épreuves de l’endurance ?
C’est difficile de juger leurs performances car je ne suis pas la sélectionneure de l’endurance. Mais j’ai trouvé qu’elles étaient en forme physiquement. Laurie Berthon, qui est arrivée malade au Canada, a réctifié le tir pour réaliser un bel omnium avec une cinquième place à la clé. Ensuite, sur la poursuite par équipes, c’est dommage que les filles soient tombées car elles avaient un record de France dans les jambes.

Rassurez-nous, on a une belle équipe de France de cyclisme sur piste ?
Chez les filles, on a une équipe de France en pleine construction. Que ce soi sur le sprint ou sur l’endurance, on est en constante progression. Il ne faut pas uniquement se focaliser sur les résultats bruts. Il ne faut rien lâcher. Il est important, pour nous les entraîneurs nationaux, de garder la tête froide et d’avoir du recul sur les performances de nos athlètes.

Légende photo : Clara Sanchez, la sélectionneure de l’équipe de France féminine de sprint, ne veut pas déjà tirer la sonnette d’alarme après seulement deux manches de Coupe du monde de cyclisme sur piste (Crédit photo : Ladies Sports)

Catégories
Route

La Course by le Tour retourne dans l’anonymat ?

Annonce.Le tracé de la Course by le Tour a été dévoilé, à l’occasion de la présentation officielle du Tour de France 2019, ce jeudi au Palais des Congrès de Paris. Cette sixième édition pourrait peut-être retomber dans l’anonymat le plus complet puisqu’elle aura lieu le 23 juillet à Pau sur le parcours du contre-la-montre des hommes, couru le 19 juillet. Un circuit à parcourir à cinq reprises avec la côte d’Esquillot  qui pourrait bien faire des dégâts au sein du peloton féminin mondial.

Faire plaisir aux cyclistes féminines, c’était l’objectif d’Amaury Sport Organisation (ASO). « Après trois éditions pour les as du sprint et deux pour les reines de la montagne, nous avons souhaité une compétition qui permette au plus grand nombre de s’exprimer pleinement », comme l’a rappelé le patron du Tour, Christian Prudhomme, sur La chaîne L’Équipe. Mais à quel prix ?

Depuis cinq ans, les meilleures cyclistes de la planète bénéficiaient d’une exceptionnelle exposition médiatique. Depuis 2014, les filles couraient le même jour que les hommes et sur la même étape. Cette année, ce ne sera pas le cas puisque cette sixième édition aura lieu à Pau, le 23 juillet comme l’a annoncé Christian Prudhomme, ce jeudi à l’occasion de la présentation officielle du Tour de France 2019. En effet le contre-la-montre de 27 kilomètres aura lieu le 10 juillet. Et tous les médias auront déjà plié bagages pour suivre la suite de la Grande Boucle.

Le seul espoir qui reste, c’est celui de voir encore quelques caméras retransmettre cette course. Car cette épreuve pourrait être spectaculaire. Car les féminines devront parcourir à cinq reprises, soit 135 kilomètres au total. Et la répétition de l’ascension de la côte d’Esquillot pourrait bien faire des dégâts au sein du peloton féminin mondial. On se demande bien qui pourrait succéder à Annemiek Van Vleuten au palmarès de cette épreuve ?

Légende photo : Pau accueillera la Course by le Tour 2019 (Crédit photo : Facebook Donnons des Elles au Vélo)

Catégories
Piste

Clair : « Je mise tout sur la vitesse par équipes »

Propos recueillis par Romain Beauvais
Entretien.Il n’y a pas de quoi s’enflammer ! Sixième de la vitesse par équipes, le week-end dernier au Vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines, à l’occasion de la première manche de Coupe du monde de cyclisme sur piste, Sandie Clair et Mathilde Gros doivent encore bosser pour aller chercher un podium dans cette discipline. Car « ce n’est pas en terminant sixième à chaque fois, que l’on ira chercher une médaille olympique. » Les deux jeunes savent qu’elles ont encore une grosse marge de progression. C’est encourageant pour la suite de la saison. Pour celle qui s’entraîne à Toulon, il faut ajuster les derniers réglages pour aller en finale du tournoi de vitesse par équipes, ce vendredi lors de cette deuxième manche de Coupe du monde qui aura lieu au Canada. Ce qui serait une belle opportunité pour les deux copines de l’équipe de France de marquer de précieux points dans la course à la qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo2020…

Sandie, comment avez-vous vécu ces trois jours à Saint-Quentin-en-Yvelines pour cette première manche de Coupe du monde de cyclisme sur piste ?
Deux jours avant le début de cette première manche de Coupe du monde de cyclisme sur piste, j’avais besoin de faire comme si j’étais à l’étranger pour avoir une concentration optimale sur cette compétition. Pour ma part, je n’ai couru que le vendredi sur la vitesse par équipes. Durant les deux autres jours, j’ai pu en profiter pour aller voir courir mes collègues de l’équipe de France car d’habitude, je suis avec eux au milieu de la piste.

C’est toujours particulier de courir devant son public ?
C’est quelque chose de fantastique lorsque le public est derrière nous. Il y a notre famille et nos proches qui nous encouragent. C’est vraiment un plus d’entendre tous ces encouragements durant la compétition. Cela nous donne davantage de confiance lorsque l’on est sur le vélo.

On dit toujours qu’il est difficile d’évoluer à domicile, comment avez-vous géré cette pression ?
Pour moi, c’est quitte ou double à domicile. Soit on arrive à se transcender pour réaliser des performances exceptionnelles devant son public, soit on tremble. Personnellement, j’ai bien géré cette pression. C’est la troisième fois que j’évolue à la maison, et cela s’est bien passé. Auparavant, j’avais peur d’être bouffée par cette pression mais une fois sur la piste, elle s’est envolée.

« Personnellement, je suis satisfaite de ma prestation mais collectivement, je ne peux pas l’être car on n’est pas en finale »

Comment avez-vous vécu cette vitesse par équipes ?
On est déçues car on est capables de faire mieux ! Techniquement, on n’est pas très propres. C’est sur cet aspect que l’on perd beaucoup de temps. Il va falloir faire des réglages avec Mathilde Gros pour être davantage mieux coordonnée dans le passage de notre relais. Car l’objectif n’est pas de gagner du temps mais surtout de ne plus en perdre. On va alors mettre en place une nouvelle stratégie pour combler cet écart avec les meilleures nations de la discipline.

Vous retrouvez d’excellentes sensations sur la piste, comment l’expliquez-vous ?
Individuellement, j’ai réalisé un bon temps sur cette première manche de Coupe du monde. Ce n’est rien d’exceptionnel mais c’est tout de même un bon chrono. Je ne suis pas très loin de mon record. Personnellement, je suis satisfaite de ma prestation mais collectivement, je ne peux pas l’être car on n’est pas en finale. Mais je travaille pour l’équipe. Je vais continuer à m’améliorer. Il est indispensable que l’on progresse l’une et l’autre car ce sont nos deux temps qui s’additionnent à la fin.

Vous vous entraînez à Toulon et Mathilde Gros à Saint-Quentin-en-Yvelines, cela pose-t-il des problèmes pour vous deux dans l’optique de p performer sur les grandes compétitions ?
Je ne viens pas à Saint-Quentin-en-Yvelines uniquement que pour les courses. J’étais présente au Vélodrome au mois de septembre avant de disputer cette première manche de Coupe du monde. J’y retournerai avant les prochaines échéances internationales. Ensuite, on doit bosser ensemble avec Mathilde Gros afin de peaufiner nos automatismes. Par ailleurs, on n’a pas besoin de s’entraîner tous les jours ensemble car on a des entraînements spécifiques.
<em>« Je pense que l’on a plus de chances d’aller chercher des médailles par équipes plutôt que moi en individuel »

Qu’est-ce qu’il vous manque aujourd’hui pour se hisser en finale de la vitesse par équipes ?
Il va falloir progresser techniquement. On doit également travailler physiquement. Sur cette manche de Coupe du monde à Saint-Quentin-en-Yvelines, on avait de bonnes sensations malgré que l’on s’est un peu loupées en qualifications (4e temps). Il va falloir revoir notre stratégie pour améliorer notre temps final.

Était-ce un choix de votre part ou de celui de votre entraîneur de ne pas vous aligner sur les épreuves de vitesse en individuel ?
Un peu des deux ! Je mise tout sur la vitesse par équipes ! Je suis concentrée à 100% sur cette discipline. En individuel, nous n’avons qu’un seul quotta. C’est légitime qu’il revienne à Mathilde Gros. Pour être honnête avec vous, je n’ai pas fait en sorte d’avoir un deuxième quota pour le sprint français féminin. Je pense que l’on a plus de chances d’aller chercher des médailles par équipes plutôt que moi en individuel. C’est un choix réfléchi et je ne le regrette pas un seul instant…

Un mot sur votre coéquipière, Mathilde Gros. Comment l’avez-vous trouvée sur la piste ?
Mathilde Gros a été au bout dans le tournoi de vitesse individuelle ! Malheureusement, elle a été disqualifiée et termine quatrième. Je n’avais pas vu la faute. J’étais un peu surprise. Si elle a eu énormément de pression sur les épaules, elle l’a bien gérée. Mathilde fait encore quelques petites erreurs tactiques. Elle est encore en apprentissage mais elle progresse vite. La connaissant, je sais qu’elle aurait aimé faire mieux à domicile en décrochant une médaille devant toute sa famille.

« Ce n’est pas en terminant sixième à chaque fois que l’on ira chercher une médaille olympique »</em>

Cette première manche de Coupe du monde vous donne-t-elle beaucoup d’espoirs pour la suite de la saison ?
À Saint-Quentin-en-Yvelines, on a réalisé le quatrième temps des qualifications. ce n’est pas un temps exceptionnel. On peut faire beaucoup mieux. Aux Championnats d’Europe, on avait obtenu un meilleur chrono en qualifications. C’est tout de même encourageant. Cela montre que l’on a encore une marge de progression. On a d’excellentes sensations sur la piste. Il faudra rectifier le tir sur la prochaine manche de Coupe du monde au Canada. Ce week-end, on espère aller au bout de ce tournoi de vitesse par équipes. C’est une chose importante pour nous car on rêve de médailles mais on veut aussi marquer de précieux points dans la course à la qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo2020. Ce n’est pas en terminant sixième à chaque fois que l’on ira chercher une médaille olympique. Il faut donc que l’on se rapproche petit à petit des meilleures nations mondiales.

Les Jeux Olympiques de Tokyo2020 restent-ils dans un coin de votre tête ?
Bien évidemment, on y pense ! La qualification pour Tokyo2020 a débuté dès les Championnats d’Europe, cet été à Glasgow. La vitesse par équipes pourra également qualifier nos athlètes pour l’épreuve de vitesse en individuel. C’est beau de se donner l’une pour l’autre dans un sport individuel.

Comment voyez-vous l’avenir de la vitesse féminine française à moins de six ans des JO de Paris2024 ?
Malheureusement, cela fait de nombreuses années que l’on n’est pas beaucoup sur la vitesse féminine. Le jour où je vais arrêter ma carrière, Mathilde se retrouvera toute seule à performer au plus haut niveau. D’ici là, j’espère que la relève sera au rendez-vous sur la piste. Entre Mathilde et moi, il y a plus de dix ans d’écart. Il n’y a pas de fille entre nous. C’est très dommage pour le cyclisme féminin français. Ce n’est pas une surprise car cela a toujours été comme cela. C’est un peu triste pour notre sport…

Légende photo : Sandie Clair espère aller chercher des médailles en vitesse par équipes (Crédit photo : Facebook Clair)